MADEMOISELLE…

…J’AI CRU QUE VOUS AVIEZ DES AILES.

INSTALLATION

2012

Ces 9 balançoires en verre semblent devoir s’entrechoquer dans un possible mouvement de va et vient.

Sensation de fragilité pour ce symbole de vie.

Les jeunes filles en fleur ont laissé leurs traces.

crédit photos: @N.kaïd

 

 

 

 

Paris le 14 Mai 2014

Lettre à Chloé

PAR Nathalie geoffray de calbiac

Bleu, bleu,

Vert, bleu,

Vert.

Noir je ferme les yeux

Bleu je les ouvre.

Je sens l’herbe frôler mes cheveux, je les laisse balayer le sol, l’herbe. Les bras tendus je tiens fermement la corde, je sens le déséquilibre de mon corps qui manque de chavirer à chaque impulsion de mes jambes, la toile fine en coton de ma robe brûle mon dos sous l’effort de l’élan.

Mon corps arcbouté je regarde mes souliers blancs à brides briller dans le soleil. Le plaisir, la jouissance de ce corps qui se tend de bonheur, je pense appartenir au ciel. Je balance, en avant en arrière, je n’arrête plus, l’ivresse du mouvement m’emporte, je crois que j’ai des ailes !

Lorsque j’ai découvert le travail de Chloé Sagnol j’ai immédiatement ressenti l’émotion animale de ces après-midi d’été dans le jardin de mon grand père à laisser mon corps se fondre dans l’espace, les paumes des mains irritées par le plastique effiloché des cordes de la balançoire.

La grâce de ces instants, ces lieux sûrs ramenés à moi par cette installation.

Cheveux blonds, sept ans, une robe légère en coton blanc avec des cerises imprimées dessus, des manches ballon qui lors de l’effort de tension me tenaillaient le bras, les genoux écorchés, les sauterelles comme uniques vedettes et les coquelicots dont je dépliais inlassablement les boutons comme autant de messages d’amour d’un amoureux secret.

Le travail de Chloé Sagnol s’inscrit dans la lignée d’artistes qui nous font signe par-dessus les marelles, les bosquets, les arbres qui bruissent dans le vent et peuvent ré-enchanter le présent.Les scintillements d’une mare en été, des ronds dans l’eau, les doigts en casquette on cherche du regard l’oiseau qui a effectué le miracle.

Chloé nous installe dans la fragilité de nos émotions.

Epines, transparences, mouvements, positions lovées comme quand enfant nous nous recroquevillions dans un fauteuil pour rêvasser, tout, dans le travail de Chloé nous fait converger vers une douce sensation à être.

Nathalie geoffray de calbiac