SOLO SHOW
GALERIE 1000M2, Bègles, 33
Du 18 novembre au 3 décembre 2022
lat. radiolus : petit rayon
Évoluant dans les profondeurs de notre immensité marine, les radiolaires sont des organismes uni-cellulaires microscopiques constitués d’un squelette siliceux et de membranes plasmiques superficielles. Ils possèdent, dans leurs aspects étranges et leurs symétries organiques, des formes d’expressions étonnamment attrayantes et familières.
Après plusieurs années à questionner les mono-matériaux, CHloé SAgNol confirme son intérêt pour le verre et le rend visible dans cette exposition.
Le verre en ce qu’il n’est plus, le verre en ce qu’il est : de la silice, du sable, de la roche-mère, de la poussière.
Légers, volatiles, solides, définis, les cristaux chauffés s’agglomèrent pour devenir une substance visqueuse, molle, dure, opaque, transparente, coupante, malléable, façonnable, recyclable ; première vie, énième vie. Cycle de vie de la matière.
CHloé SAgNol exhume ces matières, les transforme encore une fois et nous expose un monde sensible, invisible, microscopique qui existe dans les transitions, dans les passages d’un état à un autre.
À travers son regard émerveillé de savante romantique, elle teste la rupture, la réaction, le moment où la matière prend vie, où elle se métamorphose des conséquences de l’action humaine. Elle y met en jeu la tension qui existe entre l’intention initiale (le vouloir, l’attendu), le geste (le faire, l’action) et l’objet aléatoire qui ressort de cette confrontation.
Radiolaria ressuscite nos « fossiles » contemporains, ces matières déchets qui portent en elles leurs vies passées, pour les remettre en perspective dans des hypothèses alchimiques enclin à de nouveaux récits.
Quelle est la part du « petit rayon » d’action de l’humain sur la matière ? Qu’est-ce qui est perdu, qu’est-ce qui gagné et qu’elles en sont les conséquences ? Nous maîtrisons la technique mais pas le résultat, nous avons la volonté de créer mais nous ne pouvons la contrôler.
Radiolaria nous plonge dans une dystopie dont les réalités imaginées s’attachent à nous refléter la fugacité du temps et à nous rappeler comment, dans cette dispersion, dans ces réactions chimiques, c’est le temps, lui-même, le sculpteur de la matière.
– Peggy Texereau